C’est Jean-Marie Ballu qui clame haut et fort que le bois est plus écologique pour fabriquer les bateaux. Qui est cet homme ?
Jean-Marie Ballu
Jean-Marie Ballu est l’ingénieur général des Ponts des Eaux et des Forêts. Si vous-même ne le connaissez pas, tous les acteurs nautiques le connaissent pour son talent et son exigence face aux constructions de bateaux. Cet homme connaît les forêts françaises comme sa poche et peut vous dire sans hésitation de quel type de bois provient les plus beaux bateaux. Il a une parfaite maîtrise du bois de marine.
Jean-Marie Ballu et la Recouvrance
Il a également apporté sa pierre, ou son bois pour être juste, à la construction de la Recouvrance. Lorsque les deux charpentiers du Guip ont déclaré avoir du mal à trouver deux chênes assez longs pour la quille de la Recouvrance, Jean-Marie Ballu qui était à l’époque Directeur régional de l’Office national des forêts, s’est immédiatement intéressé au projet. Alors même que navire n’était pas encore installé à Brest, il a envoyé une équipe de forestiers à l’île aux Moines pour avoir plus de détails sur le projet. Face aux informations reçues, le patron de l’ONF offre son aide à Paul Bonnel et Yann Mauffret en leur disant qu’il sait où trouver les deux fameux chênes pour la quille du bateau. Jean-Marie Ballu leur ouvre alors les portes de la forêt du Gâvre qui se situe à 40 km au nord-ouest de Nantes. Même si les arbres qui y poussaient étaient protégés, le fait qu’ils avaient un peu plus de 300 ans et qu’il était directeur de l’ONF lui a permis de faire couper quelques-uns d’entre eux. Il suivit ensuite de près le reste des travaux puis participa aux grands rassemblements maritimes de Douarnenez et de Brest.
Jean-Marie Ballu et l’Hermione
Lorsque la reconstruction à l’ancienne de l’Hermione a été évoquée, l’homme propose d’apporter sa connaissance de bois de marine pour servir le projet. C’est ainsi qu’il a permis aux équipes de construction de trouver les meilleures pièces de chêne dont les branches courbes, idéales pour les éléments spécifiques de la coque. C’est à lui que l’Hermione doit aujourd’hui son bois précieux surtout que sans lui, les constructeurs auraient eu du mal à rassembler assez de bois pour entamer la reconstruction de ce bateau de 44 mètres. Il faut savoir que le bois de chêne, surtout sans nœud, est très recherché par l’industrie du tonneau à vin et des Chinois qui les utilisent pour la fabrication du parquet.
L’Hermione sera de retour à Brest du 10 au 17 août prochain à l’issue de son long périple américain et Jean-Marie Ballu ne raterait ce rendez-vous pour rien.
La coupe du bois est-elle devenue écologique ?
Puisque le directeur de l’ONF lui-même a permis la coupe du bois, cela signifierait-il que cette activité est désormais écologique ? Non, ce qui est écologique selon Jean-Marie Ballu, c’est :
- L’utilisation du bois pour la construction de bateaux
- La coupe contrôlée du bois : seulement la moitié du bois qui pousse chaque année est coupée
- Le contrôle des forêts : s’assurer que le bois non ponctionné ne pourrisse pas et ne relâche pas le CO2 et le méthane qu’il a accumulé au cours de sa vie puisqu’il faut savoir qu’une forêt absorbe plus de CO2 en début de cycle
Bref, pour Jean-Marie Ballu, couper du bois peut être un geste écologique sous certaines conditions. C’est même l’inexploitation des forêts qu’il faut éviter, puisque les arbres non touchés vont finir par libérer tout le CO2 qu’ils contiennent et l’écologie ne sera donc pas au rendez-vous. Dans ce contexte, l’homme réfute l’idée que l’Amazonie, puisque encore non exploitée est le poumon vert de la planète, puisque ces arbres sont plus dangereux qu’il n’y paraît. La coupe du bois pour la fabrication de meubles et de navires est donc recommandée, mais à condition de ne pas en abuser et de savoir mener l’exploitation correctement. Les marins-pêcheurs qui utilisent du bois pour la construction de leur embarcation ont donc raison et on ne peut que les encourager pour garder la dynamique écologique.
