Le goût amer de la marée noire n’a plus de secret pour la mer et sa population. Une situation qui est encore plus amère pour Greenpeace et des hommes qui vivent des produits de la mer.
Il y a déjà eu beaucoup de marée noire dans l’histoire de la navigation, mais ce n’est qu’au cours de l’année 1989 que des mesures réelles ont été prises, suite à la marée noire entraînée par l’Exxon Valdez. Face à cette catastrophe, les USA ont immédiatement réagi en modifiant les normes et législations relatives au transport d’hydrocarbures.
Parmi ces mesures, on cite :
– L’obligation d’avoir une double coque si l’on veut se rendre sur le territoire américain :
Le fait qu’un bateau ait une double coque le rend plus résistant aux chocs et il coulera moins vite en cas d’accident. Autrement dit, la double coque n’empêchera pas les marées noires, mais du moins, elle réduira considérablement les risques, car les accidents pourront être contrôlés rapidement. Une législation a donc été prise et aux États-Unis, les bateaux ayant une seule coque ne sont plus admis. Les US Coast Guards se chargent de vérifier l’état du bateau et lui ouvrir ou non le passage selon les cas.
La présence d’une double coque a été imposée au niveau international pour justement limiter les marées noires, mais on réalise qu’aujourd’hui encore, bon nombre de bateaux ne respectent pas cette règle. Seuls ceux appartenant aux pays qui ont signé la convention « Marine Pollution » suivent cette législation et quant aux autres, la simple coque est toujours d’actualités.
Quoi qu’il en soit, seule la double coque est désormais acceptée par l’état américain qui a mis en place un fonds fédéral d’indemnisation en cas de marée noire en 1990. Si une catastrophe surgit encore, le fonds s’engage à verser un milliard de dollars aux victimes et 500 millions d’euro pour réparer les dégâts environnementaux. La situation est donc prise au sérieux ce qui ravit la Greenpeace. Toutefois, l’organisme reste encore sur ses gardes en ce qui concerne les forages qui se multiplient de plus en plus de nos jours. Pour lui, cette activité devrait tout simplement être interdite dans certaines zones comme l’Arctique.
– Le guidage par un bateau plus petit lorsqu’un bateau se dirige vers Bligh Reef
Bligh Reef est la zone où a échoué l’Exxon Valdez. C’est une zone aux récifs montagneux que tout navigateur n’est pas censé connaître. De ce fait, pour tout bateau qui s’y risque, un guidage est obligatoire afin d’éviter les accidents et ce, même si le bateau est déjà doté d’une double coque. Selon Greenpeace, ce guidage devrait s’étendre un peu plus, comme sur tout l’Arctique, car étant une zone dangereuse à la météo capricieuse, les risques d’accidents y sont beaucoup plus élevés alors que l’écologie y est très sensible. Malheureusement, les USA ne peuvent étendre la législation au-delà des 12 miles donc aucune décision ne peut être arrêtée pour cette zone. Le problème est le même pour la Turquie qui n’a pas de prise sur le détroit de Dardanelles qui pourtant rencontre régulièrement des accidents de pétroliers et ce, malgré la convention de 1936.
Une ré-vérification des législations devrait-elle alors être prise ? Qu’en est-il de l’Europe ?
Si aux USA, la prise de conscience face aux marées noires date de 1989, en Europe, elle ne se fait qu’en 2010, malheureusement, bien des années après les accidents de l’Erika en 1999 et du Prestige en 2002. Selon l’avis mondial, ces accidents auraient pu être évités si l’union européenne s’est alignée aux normes et législations prises par les États-Unis en 1989. Le fait est que lorsque les USA n’ont plus voulu accueillir les bateaux à simple coque, ces derniers ont été redirigés en Europe et le cycle ne semble pas être prêt à se terminer …
En effet, si l’Europe s’est enfin décidé à refuser les bateaux à simple coque, les pays émergents du Tiers-Monde les accueillent encore à bras ouverts donc les risques de marées noires ne sont pas totalement écartés.
L’autre problème qui persiste toujours est la délivrance d’autorisation de navigation aux pétroliers qui est beaucoup trop souple selon certains. L’idéal serait donc de prendre des mesures plus strictes surtout lorsqu’il s’agit de la vérification de ces bateaux.
Bref, les marées noires ne seront totalement radiées que si chacun prend sa part de responsabilité. Ce ne sont pas seulement les autorités qui doivent être plus strictes, mais également les navigateurs eux-mêmes, voire les propriétaires de navires.